Laurent Faiella, fondateur du Fanzinophile

18/01/2016
  • Scopalto Pouvez-vous nous raconter en quelques lignes quand et pourquoi vous avez créé le fanzinophile ?
  • J'ai créé ce blog en 2009. J'aime le cinéma dit de « genre » depuis tout petit et j'ai beaucoup lu de revues spécialisées comme Starfix ou Mad Movies, mais je ne me suis intéressé de près aux fanzines que très tard. J'avais envie d'en connaître plus sur le cinéma que cette presse amateur défend. J'ai d'abord parcouru internet mais j'ai constaté qu'à l'époque peu d'informations existaient. L'idée m'est alors venue d'approfondir mes recherches et de rassembler toutes les données que je pouvais trouver sur le sujet. Je voulais faire une sorte de catalogue, indexé, comme le font les bibliothèques pour les livres par exemple, et d'y répertorier les fanzines au fur et à mesure de mes trouvailles pour qu'on puisse les découvrir ou redécouvrir.

    Au départ je pensais que cela ne me prendrait pas trop de temps et serait vite terminé, mais je n'imaginais pas qu'il puisse exister autant de fanzines cinéma. Aujourd'hui j'en ai répertorié plus de 250.

    Par ce moyen mon but est aussi de promouvoir le fanzinat francophone actuel et de rendre hommage au travail effectué par ces rédacteurs qui n'ont rien a envier aux professionnels.

  • Quel a été l'âge d'or des fanzines ?
  • Les années 80 et 90 ont été très prolifiques au niveau de la quantité de titres parus. Mais c'est au cours des deux décennies précédentes que sont apparus les fanzines comme Ciné-Zine-Zone , Midi-Minuit Fantastique ou encore Mad-Movies qui ont marqué l'histoire du fanzinat ciné. Ils ont inspiré et influencé beaucoup de jeunes fanéditeurs et le font encore aujourd'hui.

  • Quels sont les fanzines cultes ?
  • C'est difficile à dire et très subjectif je pense. Aux titres que je viens de citer, qui sont les plus célèbres et qui font certainement l'unanimité, j'ajouterais Monster-Bis, mais il y en a d'autres. Notamment des fanzines qui sont toujours en activité aujourd'hui, je prendrai principalement comme exemple Médusa Fanzine qui est d'une qualité et d'une longévité incroyable.
  • Ou en sommes-nous aujourd'hui ?
  • Au milieu des années 2000 les fanzines francophones de cinéma se comptaient ​sur les doigts d'une main et peu de gens étaient optimistes quant à l'avenir du format papier avec internet et ses e-zines ou autres webzines. Mais depuis 4 ou 5 ans le fanzinat revient en force et se porte très bien aujourd'hui. De nouveaux titres apparaissent régulièrement et des anciens qui avaient jeté l'éponge, parfois définitivement pensaient-ils, renaissent de leurs cendres. Et les premières infos récoltées en 2016 confirment cette tendance.
  • Arrive-t-il souvent que des fanzines se transforment en magazine ?
  • Il y en a eu très peu dans le cas. Cela peut arriver, le meilleur exemple est Mad-Movies dans les années 70', qui s'est professionnalisé après 21 numéros (et existe encore aujourd'hui), mais cela reste exceptionnel. Le dernier en date était Metaluna en 2013. Cela n'a duré que quelques numéros. Un fanzine est une publication très ciblée, sa portée est très limitée, passer de l'un à l'autre est compliqué. Encore faut-il que les éditeurs le désirent.

    Par contre un fanzine peut être une rampe de lancement pour un rédacteur afin de travailler pour un magazine professionnel. Et cela peut même aller plus loin : certains ont commencé fanéditeur et terminé réalisateur ou producteur de cinéma.

  • Y-a-t-il des différences profondes entre les créateurs de fanzine et de magazine ?
  • L'auteur d'un fanzine recherche avant tout la liberté d'expression et de ton. C'est souvent une personne un peu (voire très) rebelle qui veut écrire sur ce qu'il lui plaît et n'a pas d'ambition particulière si ne c'est partager sa passion avec quelques dizaines de lecteurs. Le fanzine étant tiré à très peu d'exemplaires (entre 50 et 200 en moyenne) et réalisé avec les moyens du bord : une mise en page sommaire (souvent en n&b), une impression sur une petite photocopieuse, un peu de colle et d'agrafes… Même si depuis peu, grâce à l'informatique, certaines publications n'ont rien à envier aux revues professionnelles au niveau de la mise en page (on dit d'ailleurs quelques fois que ce sont des pro-zine). Et bien évidemment pas de publicité. Si ce n'est celle gratuite pour parler des amis du « milieu ». Il y a aussi la parution qui est très irrégulière, voire aléatoire. C'est bien connu, le fanéditeur respecte rarement ses prévisions de sortie !
  • Quel est aujourd'hui le pays le plus actif ou prolifique en terme de fanzine ?
  • Pour les fanzines francophones, la France bien évidemment. Pour l'international certainement les USA.
Le Fanzinophile